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n
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g
o
u
v
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r
n
e
p
a
s
car c'est
la rue qui est terne - et trouble - et sale - et qui menace de nous broyer
- de changer tout de nous - fondus si souvent dans ces possibilités
qu'il advienne quelque chose - dans la promiscuité poisseuse du
prochain - de celui qu'on souhaiterait à l'extérieur de
nous - mais qui soudain s'y vautre - en nous - pour que simultanément
- nous puissions plus que nous y découvrir aussi - vautré
en lui - dans la rue - là où tout fusionne et tout pue -
qu'on nettoie chaque jour mais qui toujours pue - toujours dégage
la plainte pestilentielle de nos identités à tous - mêlées
- et finalement celle de personne - à tel point qu'elle nous tue
- puisque plus personne - nous ne sommes plus ____RIEN |
alors il convient de nous atteler
à notre survie - et faire taire la rue en nous - et rester quelqu'un
- et ne pas se laisser aller - et déclarer solennellement que nous
démarre ici - et que nous s'arrête là - et fixer des
bornes - pour ne pas s'évanouir - devenir le patrimoine de nous-même
- et toujours se battre - tenir la frontière - oublier les nappes
noires au-dessus de nos têtes - ce non- nous à l'intérieur
duquel nous craignons à chaque instant de sombrer - toujours se
battre - toujours être là - d'ici à là en tout
cas - mais clairement - indéfiniment - et le croire très
fort - car la rue est sauvage - car la rue est autre - car la rue n'est
personne - et la rue enfin________________________ne gouverne pas |